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Le Blog de Maxime
20 septembre 2007

Popstars 4 : à la recherche de la nouvelle star filante

Après les L5 (les cinq femmes de ta vie pour midinettes…), les Whatfor (groupe de pop mixte mort né après quelques mois d’existence), les Link Up (groupe de trois beaux garçons immédiatement court-circuité par le départ du leader, le beau M.Pokora, vous savez, celui dont la « riposte claque, get back to the show ») et les Diadems (groupe féminin jetable mort avant même d’avoir sorti son premier titre), revoici, après 4 ans d’absence Popstars, l’émission de Télé Réalité phare d’M6.

Le concept cette saison reste volontairement (?) flou. Nul ne sait si le grand gagnant sera un groupe ou un chanteur (ou chanteuse) solo. Nul ne le sait officiellement, mais les rumeurs vont bon train sur la toile, et il semblerait que ce soit la jeune Shérifa, chanteuse solo qui soit la grande gagnante de cette édition.

Sur le coup, M6 veut dépoussiérer un concept qui a atteint ses limites. Un nouvelle programmation (en quotidienne à 19h plutôt qu’en prime-time chaque semaine) mais aussi et surtout un jury plus dynamique, plus jeune, plus proche du monde du R&B. Et c’est sur ce point que ma première critique va porter. Cette saison le nouveau jury de Popstars est composé de quatre éléments :

Ophélie Winter, une chanteuse blonde du XXème siècle qui sort de sa retraite. Sa forte poitrine plastifiée et ses lèvres qui ressemblent de plus en plus à un vagin boursouflé n’ont pas bougés d’un chouya.

Sébastien Farran qu’on nous présente comme le manageur de Joey Star et d’NTM. Un garçon alors inconnu du grand public qui semble devoir jouer le rôle du perturbateur, de celui qui n’hésite pas à envoyer tout balader.

Benjamin Chulvanij, décrit comme un producteur et patron de maison de disque qui colle parfaitement à l’image du « méchant ». Car dans toute émission de télé réalité qui se respectent, il faut un méchant, exigeant, froid, sans pitié. C’est donc sous le modèle de Gérard Louvin l’ancien proviseur de la Star Ac ou de Monsieur Navaron, ex célèbre Sur Gé du Pensionnat de Chavagne que notre Benjamin Chulvanij sévit chaque soir de façon flegmatique.

Et enfin Mia Frye, célèbre danseuse ou plutôt danseuse rendue célèbre par la télé réalité qui apporte la touche historique à cette 4ème saison de Popstars. Elle qui se veut charismatique nous gratifie une fois de plus de ses expressions anglaises exagérées et dénuées de sens. Mais peu importe, lâcher un mot anglais entre deux mouvements de bassin ça fait toujours « in », surtout lors d’un cours de danse R&B. La belle nous sert une fois de plus un portrait antipathique, ingrat et rébarbatif. Mais vous n’avez encore rien vu. Le stade des castings passé et c’est véritablement à ce qu’ils nomment « l’Atelier » que la femme à la coiffure de poulpe mort va gagner de sa superbe et enfin pouvoir parler aux candidats comme à de véritables sous-merdes parce qu’ils ne savent pas « moover leur body like that ». On en viendrait presque à regretter le très chevelu et musclé Bruno Vendelli avec son fameux « quadricolor, comme les 4 couleurs primaires…» (sic).

Parlons des candidats à présent. Après les intermèdes Star Academy et surtout Nouvelle Star, je pensais vraiment que la mode du R&B français était révolue et qu’elle laisserait place à l’ère du hard rock propre et juvénile cher à Pierrick Lilliu et Julien Doré. La faute à Tokio Hôtel sans doute… Mais quelle n’était pas ma surprise de voir que cette nouvelle saison de Popstars avait pour ambition de trouver je cite : « Le nouveau Justin Timberlake ou la nouvelle Beyoncé ». Le décor est planté. Alors évidemment, avec une telle annonce, il n’était pas très difficile de prévoir quel type de candidat allait se présenter au casting.

Il y a d’abord le chanteur « R&Biste lover ». Celui là est vêtu d’un costume blanc et de nombreux accessoires assimilés (bagues, lunettes de soleil noires, boucles d’oreilles diamant, colliers bling bling, gants de cycliste en cuire à une seule main et bien sur le traditionnel chapeau tombant sur l’œil, parfois vissé sur un foulard blanc type « gangsta kinri »). Puisqu’il est « lover » il fait attention à sa peau, il s’épile les sourcils et rase avec soin sa barbe qu’il taille en fine bande collier. Il se fait généralement appeler par un prénom américain type Kevin ou Benji et chante avec des vibratos dans la voix comme son idole Willy Denzey.

Son alter ego féminin se nomme Vanessa ou Jessy. Proche dans la façon de chanter, elle s’identifie plutôt à Rihanna ou Beyoncé. Très souvent métisse et ultra maquillée par un fond de teint donnant une couleur jaunâtre, elle porte des vêtements aguicheurs et parfois même le fameux chapeau tombant sur l’œil (ou béret, au choix). Oui car cet accessoire est mixte chez les chanteurs de R&B français.

Mais cette année, nous avons la chance d’assister à la naissance d’un nouveau profil. Le sosie de Diam’s, cheveux cours à la garçonne, boucles d’oreilles en anneaux et jogging rose pyjama en prime. Cette apprentie rapeuse au flow douteux écrit aussi ses propres textes pleins de douleurs sur sa dure vie de lycéenne en classe de seconde BEP secrétariat. Une orientation qu’elle subit, elle, l’artiste incomprise.

Tous sont portés par leur don, leur talent, leur voix qu’ils jugent (ou que leurs parents et amis jugent) hors norme et dont ils pensent qu’elle leur permettra d’atteindre les sommets (à défaut d’y arriver par les études). Alors, pour camoufler un manque évident de technique vocale, il utilisent des effets de voix vibratos, poussent des petits cris comme Mariah Carey ou Usher et compensent par une gestuelle  exagérée des membres supérieurs et des muscles faciaux et zygomatiques.

Tout ce petit monde se succède donc tour à tour sur les ronds dessinés au sol devant un jury prenant un air faussement sérieux et captivé par un « talent » ou une « énergie » qu’ils parviennent à décrypter entre les braillements R&Biens des candidats. Les plus chanceux auront la possibilité, la chance inouïe de passer à l’étape suivante dans une jubilation extrême. Et cette saison encore, même les scènes de joie et de tristesses sont convenues.

D’un coté il y a la jeune pisseuse reçue au casting qui tape des pieds et des mains, saute dans les bras de ses copines, elles aussi candidates, puis appelle ses parents pour leur annoncer l’heureuse nouvelle grâce à son téléphone portable « SFR 3G live messenger multimédia M6 Mobile by Orange ». A chaque fois le même discours. « C’est que du bonheur » ou « Franchement c’est trop bien, c’est trop un rêve de gosse qui se réalise ». De l’autre, la déception. Les même larmes mais cette fois-ci surplombées d’un nez rouge coulant de morve, le visage défiguré par la tristesse immense que procure ce recalage à Popstars. (Ben oui, à 17 ans, si on manque le casting de Popstars, c’est toute sa vie qu’il faut remettre en question). Ces scènes de tristesse captées en gros plans par les caméras d’M6 qui n’en perdent pas une miette sont ensuite habilement montées sous fond de chanson triste à la Daniel Powter ou James Blunt. Le but étant là d’émouvoir la ménagère de moins de 50 ans pour qu’elle envoie son SMS ultra-surtaxé à la fin de l’émission. Là encore, des phrases toutes faites viennent illustrer la scène. « C’est la fin de l’aventure » (oui, car en télé réalité, on préfère le terme aventure à celui d’émission daubesque) ou alors « Mais qu’est ce que je vais faire maintenant ?  Ce casting c’est ma vie ! »

Et puis vient le tour de la seconde manche, « l’Atelier » dans lequel nos quelques chanceux auront la possibilité de se voir enseigner des cours par les plus grands professeurs (enfin dans le jargon on dit plutôt coachs) de chant, danse, écriture, théâtre (préférez le terme expression scénique)… Et par magie, après quelques semaines de travail ultra intensif, nos jeunes ados boutonneux deviennent des Popstars capables de remplir tous les Zeniths de France en bons professionnels aguerris qu’ils sont.

Alors à toi, jeune Shérifa qui semble être la grande gagnante de cette saison. On t’a promis monts et merveilles. Un jury de personnalités « has been » t’a dit que tu avais du talent. C’est possible, mais elles sont des centaines de milliers comme toi à penser qu’elles en ont un, et c’est chaque année par dizaine qu’elles sortent de nos émissions de télé. Alors à toi qui va précipitement enregistrer un album de R&B tout pourri alors que des milliers de jeunes artistes talentueux galèrent, à toi, je te dis, profites en, car dans deux ans, tu seras peut-être de retour à la case départ, derrière la caisse du McDonald’s de la gare de l’Est ou en cours de Bac Pro commerce dans ton lycée pourri de banlieue.

pops

Les caméras d'M6 scrutent la moindre petite larme qui coulerait entre l'épais maquillage des candidates chapotées pour l'occasion.

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