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Le Blog de Maxime
14 octobre 2007

La Tecktonik au carrefour de toutes les cultures, surtout du ridicule

Née au tout début des années 2000, la Tecktonik désigne tout d’abord des soirées branchées dans de grandes discothèques parisiennes adeptes de la musique électronique (Transe, Techno Hardcore, Hard Style) d’origine belge et hollandaise (soirée « Tecktonik Killer » au Metropolis). Une véritable communauté de clubbers se développe alors autour de ce courant musical qui sera bientôt décliné sous forme de marque vestimentaire.

Aujourd’hui, l’évocation du mot Tecktonik sous-entend une danse endiablée qui consiste à former des vagues avec son corps (principalement ses bras et ses jambes) de façon à donner l’illusion d’une désarticulation générale de tous ses membres. Une impression de liberté qui laisse une grande part de créativité aux danseurs, sans cesse à la recherche de nouvelles figures. La figure la plus répandue justement est celle dite du « recoiffage ». Elle consiste à passer ses bras autour de sa nuque, de son cou et de ses cheveux en feignant un geste de recoiffage. Un peu comme dans la pub pour le gel Studio Line de L’Oréal (qui, au passage, à su se montrer précurseur et surfer sur un mouvement populaire naissant).

D’une mode propre au milieu très étriqué des grands clubs parisiens, la Tecktonik s’est développée jusqu’à devenir aujourd’hui un véritable phénomène culturel. Un buzz largement amplifié par les nouvelles technologies de l’information et de la communication via des vidéos sur les sites internet Youtube, Dailymotion et MySpace, mais aussi les Skyblogs et les vidéos sur téléphone mobile. Une diffusion phénoménale de la mouvance a ainsi permis à une poignée de danseurs anonymes de se construire une renommée nationale uniquement sur quelques mouvements savamment coordonnées diffusées en vidéo sur le net. Ainsi, Nemoo, Maestro ou Neeko sont devenus en quelques mois les nouvelles idoles de jeunes persuadés qu’ils appartiennent à une véritable communauté, comme leurs aînés hippies ou punks. Mais à l’inverse de ces mouvements culturels, la Tecktonik ne se base sur aucune revendication politique, aucune lutte sociale ou idéologique, mais uniquement sur le narcissisme autour d’un look surfait et de l’apologie de l’image que l’on veut donner de soi.

Comme le MoDem de François Bayrou qui voudrait se positionner comme un compromis à mi-chemin entre l’UMP et le PS, la Tecktonik émane des classes moyennes et semble (au moins du point de vue du look et de l’état d’esprit) se trouver à mi-chemin entre le clivage Rap/Rock, symbole d’une division de la société entre riches et pauvres.

D’un côté il y a l’influence de la culture hip-hop underground. A l’image des groupes de rap, la communauté Tecktonik s’organise en bandes et s’adonne à des « battles » en pleine ville, que ce soit au Trocadéro, au beau milieu de la rue de Rivoli devant les vitrines des magasins « Fashion » ou dans les parcs des grandes villes françaises, sous l’œil traumatisé de la vieille dame promenant son chien et dépassée par « la drogue et les pratiques des jeunes d’aujourd’hui… ». De l’autre côté, une influence rock est perceptible, du moins au niveau du style vestimentaire qui rappel immanquablement les hard rockers des années 70-80 (Kiss, Scorpions, ACDC). Jeans moulants dits « slim », look anglais « vintage », maquillage et coiffures extravagantes sont les principaux attributs du style Tecktonik.

On pensait le look « metrosexuel proche de son corps et 100% épilé » dépassé par le retour à la virilité de la « Chabalmania, 100% poils et transpiration ». Il semblerait que non, et qu’à l’inverse, l’anorexie soit de plus en plus tendance dans les goûts des adolescents. Car le danseur Tecktonic se doit d’être filiforme, d’avoir deux brindilles en guise de jambes sous son jean slim et deux frêles allumettes comme bras vissés dans son marcel moulant. Un style qui rappel là encore une référence rock (plus contemporaine cette fois-ci), celle du groupe allemand Tokio Hôtel dont le chanteur au look androgyne déchaîne les passions des adolescentes amoureuses de ses formes squelettiques.

Le style Tecktonik trouve sa source dans le Rap, le Rock mais aussi et surtout dans la mouvance homosexuelle. Ce qui était largement connoté comme gay il y a quelques années apparaît aujourd’hui comme « trop faicheune ». Vêtements fluos, baskets montantes, piercings à la lèvre et maquillage surplombent un bronzage sorti tout droit d’une cabine UV. Dernier élément incontournable du look Tecktonik : la coupe de cheveu et le retour de la ringarde « nuque longue » chère aux footballeurs Chris Waddle et Tony Vairelles. Sous une base longue, la coupe de cheveux se veut futuriste et mélange la nuque longue avec des parties rasées à la façon tribale et des mèches ébouriffées surplombées de l’indémodable crête. Le tout très généreusement assaisonné de mèches couleur « flashy ».

Je suis peut-être un vieux con aigri, mais une chose est certaine, ce phénomène m’assure définitivement que je ne suis plus un « jeune » à l’affût de toutes les modes plus ridicules les unes que les autres pour être « dans le coup ». Devant ce phénomène juvénile, je me sens tout à coup très vieux alors qu’une poignée d’années seulement me sépare de ces danseurs venus d’un autre monde.

Mais ou donc s’arrêtera le phénomène Tecktonik ? Pour ma part j’ai bien ma petite idée. Comme tout phénomène de mode, la tendance est en train d’être récupérée par les 10-15 ans des grandes villes. Puis, bientôt par leurs homologues des campagnes reculées. Les vêtements très tendance aujourd’hui dans les boutiques spécialisés de la capitale auront demain leurs copies sur les plus minables marchés du fin fond de la Creuse. Une globalisation qui aura pour effet de freiner l’euphorie chez les pionniers et créateurs de la communauté qui verront en cette médiatisation à outrance une perte de l’essence de la mouvance.

Pour cela, je compte sur la chanteuse Lorie (grande adepte de la récupération de mode juvénile) actuellement en pleine promotion de son dernier clip Tecktonik, pour accélérer un peu la ringardisation d’une tendance plus que ridicule.

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Commentaires
C
le 31 octobre il y a soirée Tecktonik Killer au metro<br /> bisous
B
j'aurais pas fait mieux ! Et c'est vrai que moi aussi je me sens vieux en voyant ça.<br /> Je sais même pas s'il est question de musique là dedans ...
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