Michel Kollar : "Ce bouquin c'est pour Jean-Pierre Dogliani"

Auteur du « Dictionnaire officiel du Paris Saint-Germain » qui sortira le 22 novembre prochain , Michel Kollar est avant tout un passionné du PSG depuis plus de vingt ans. Dans cet ouvrage inédit de 416 pages, il revient en exclusivité et avant première pour PSG70.com sur 37 ans d'histoire, d'anecdotes et de statistiques en rouge et bleu. Un outil indispensable à tout bon supporter parisien.

PSG70 : Michel Kollar, pouvez-vous nous décrire le chemin par lequel vous êtes arrivé au PSG ?

Michel Kollar : « J'ai commencé à supporter le PSG en 1984. Je me souviens que mon premier match au Parc était un PSG-Auxerre, 0-0. J'étais passionné de l'histoire du club et très vite, je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas grand-chose là dessus. En 1992, j'ai contacté Christian Gavelle le photographe du club qui était aussi à l'époque en charge du programme des matches. Je l'ai contacté dans le but de faire passer une petite annonce pour récupérer des programmes car je suis collectionneur. Il m'a proposé de venir le voir et nous avons sympathisé. On a discuté du manque de références historiques sur le PSG et il m'a proposé d'écrire dans le magazine sur l'histoire du club de façon tout à fait bénévole. Nous avons imaginé une rubrique qui s'appelait «  PSG Story » sur une page et dans laquelle je revenais sur une période de l'histoire du club. Deux ans plus tard, j'ai intégré la rédaction du programme de matches, « Tribune PSG ». J'ai constitué une base de donnée de statistiques grâce à de longues recherches tous les week end à la bibliothèque Beaubourg, pour récupérer les archives de la presse. J'avais un contrat de pigiste rédactionnel et étais donc rémunéré. En 2002, j'ai été définitivement embauché par le club pour m'occuper de l'histoire. Je gérais la base de données photos suite à l'apparition du numérique. Pendant deux ans, j'ai été salarié a temps complet au PSG jusqu'à ce que nous nous fassions externaliser chez Panini. Aujourd'hui je travail sur le magazine officiel « 100% PSG », et ce depuis le premier numéro ».

PSG70 : Comment a germé l'idée d'écrire le «  Dictionnaire officiel du Paris Saint-Germain  » ?

M.K : « Le PSG avait un contrat avec la société d'édition Hugo pour deux ouvrages. Un premier livre historique « Histoire du Paris Saint Germain » qui a été écrit l'année dernière par Daniel Riolo puis pour un dictionnaire. Le PSG a proposé mes services à l'éditeur pour l'écriture de ce dictionnaire par rapport à toute mon expérience sur l'histoire du club ».

PSG70 : Pouvez vous nous présenter ce Dictionnaire du PSG ?

M.K. : « « Le Dictionnaire officiel du Paris Saint-Germain » fait 416 pages, avec plus de 800 photos. Il regroupe de façon ludique tous les joueurs qui ont porté le maillot du PSG au moins le temps d'un match officiel, même si je rend aussi hommage à ceux qui n'ont pas joué. Il a aussi beaucoup de statistiques et d'anecdotes sur les matches, les buteurs…Je tiens d'ailleurs à te remercier, tu m'a beaucoup aidé dans mes recherches avec ton site PSG70.com. Cela représente 8 mois de travail, dont beaucoup de recherche. J'ai contacté bon nombre d'anciens joueurs grâce à la base de donnée de l'association des anciens du PSG dont je suis membre. Je suis d'ailleurs le seul qui n'est pas un ancien joueur (rires). Pour ce travail, les anciens joueurs ont toujours répondus favorablement et de façon très enthousiaste à mes appels. Le dictionnaire n'a d'ailleurs pas pour vocation de ne valoriser que les grands noms du club mais aussi de mettre en lumière d'autres hommes qui n'ont pas brillés au PSG mais qui ont aussi contribués à écrire les pages de l'histoire du club. J'ai pris plaisir à retrouver des anciens joueurs tombés dans l'anonymat comme Kamel Ben Mustapha un joueur tunisien qui a marqué un but en finale de la Coupe de Paris 1972 et qui n'a jamais joué en première division. Aujourd'hui il occupe une fonction dans une association culturelle à Lucé. Après, il y a eu aussi des moments tristes comme lorsque j'ai appris le décès de Christian Quéré en voulant le recontacter. Ce bouquin est aussi pour tous les anciens du PSG qui nous ont quittés ».

PSG70 : S'adresse-t-il à un public large ou aux supporters parisiens avertis ?

M.K. : « Il s'adresse à tout le monde mais il a été écrit pour les supporters du PSG qui aiment ce club. Ce n'est pas un produit de promotion mais plutôt un outil pour les supporters. Le club m'a d'ailleurs laissé énormément de liberté dans la conception. Il n'y a pas eu de retouches ni de réécriture. »

PSG70 : Pourquoi le sortir maintenant ?

M.K. : « Je pense que l'éditeur a jugé que c'était le bon moment pour sortir ce type de produit. Peut être aussi que le PSG qui traverse une période difficile a ressenti le besoin de se recentrer sur son identité. C'est aussi une opportunité mais il faut savoir que ce dictionnaire intervient à un moment X, j'espère qu'il y aura de nombreuses mises à jour dans les prochaines années. »

PSG70 : Si vous deviez en choisir un, quel ancien joueur parisien retiendriez vous comme le meilleur joueur de l'histoire du club ?

M.K. : « Jean-Pierre Dogliani qui est aujourd'hui décédé. Je ne l'ai jamais vu jouer mais je sais qu'il a marqué le club. Déjà parce que c'est lui qui a inscrit le but qui a permis l'accession du PSG en première division. S'il n'avait pas marqué ce but, l'histoire du club aurait été sensiblement différente. Ensuite pour tout ce qu'il a apporté au PSG par la suite. Il est revenu après sa carrière pour s'occuper des jeunes. Beaucoup de jeunes qui sortent aujourd'hui lui rendent encore hommage. J'ai eu l'honneur de le rencontrer, c'était quelqu'un de très intègre, un véritable amoureux du PSG alors qu'il était marseillais d'origine. Je suis persuadé que s'il avait joué dans le football d'aujourd'hui il aurait été une grande star. C'était un homme exceptionnel. D'ailleurs, je voulais dire que ce dictionnaire du PSG, c'est un peu pour lui. Sinon, je ne peux m'empêcher de citer aussi Mustapha Dahleb qui a été un magnifique joueur, fidèle au PSG et qui n'a pas connu la gloire qu'il aurait mérité avec ce club. Enfin je dirais aussi Safet Susic qui a réussi des gestes exceptionnels au PSG. D'ailleurs le PSG a eu la chance de les compter tous les deux dans ses rangs lors des saisons 1982/83 et 1983/84 avec une Coupe de France à la clé. Le PSG a une histoire exceptionnelle malgré le fait qu'il n'ait pas gagné beaucoup de titres. Mais c'est un club qui marque, qu'on déteste adorer ou qu'on adore détester. Toujours est-il que le PSG ne rend pas indifférent, c'est ce qui fait sa force et son prestige. »

PSG70 : Ne regrettez-vous pas que l'on occulte souvent le PSG d'avant Canal + dans les médias ?

M.K. : « Oui totalement, le « Dictionnaire du PSG » est justement là pour changer cette perception. Je l'ai aussi écrit pour montrer aux plus jeunes que le PSG a une histoire qui date d'avant les années 90 et Canal +. Dans cet ouvrage, je ne privilégie pas une période plutôt qu'une autre. Toute l'histoire est traitée de la même façon. »

PSG70 : La date de création officielle du PSG en 1970 est souvent sujette à débat. Certains défendent la thèse de 1904, ou d'autres de 1973. Quelle est votre version ?

M.K. : « J'ai travaillé avec le club sur cette question de date officielle. Nous nous sommes fiés aux statuts du club qui date de 1970. France Football et l'Equipe notaient sur leur guide d'avant saison 1973 comme date de création du PSG. Ce que personne ne sait c'est que nous avons fait un dossier avec le PSG que nous avons présentés à ces médias qui ont ensuite changés d'avis. A la scission en 1972, le Paris FC a été recréé, une nouvelle association, de nouveaux statuts ont été créés. Alors certes, le Paris FC existait depuis 1969, mais seulement en tant qu'association. Il n'est devenu club qu'en 1970 sous le nom Paris Saint Germain FC. Et puis il y a la thèse de 1904 défendue par Thierry Berthou qui suit la classification anglaise. Je ne suis pas d'accord avec cette version. Même la ville de Saint-Germain en Laye ne revendique pas 1904 comme date de création du PSG. Mais comme je le dis souvent, il n'y a pas de lois, personne n'a la science infuse sur ce point. On peut tout imaginer, et il y aura toujours des gens qui ne seront pas d'accord avec les dates officielles. Mais aujourd'hui, 1970 est entré dans les mœurs ».

PSG70 : Y a-t-il selon vous une place pour un deuxième club parisien en Ligue 1 ?

M.K. : « Pour moi non, je pense que le PSG a mis du temps à avoir le public qu'il a aujourd'hui, à se construire une histoire. Aujourd'hui, malgré les résultats, le Parc affiche toujours complet. J'ai vécu la mort du Paris FC, j'ai vécu les PSG-Racing dans les années 80, et bien à chaque fois, le stade était composé à 90% de supporters du PSG. Quand le PSG compte 40 000 spectateurs, les autres clubs parisiens jouent parfois devant 150 personnes ».

PSG70 : A l'heure où Paul Le Guen rajeunit considérablement le groupe pro, comment voyez vous l'avenir au PSG ?

M.K. : « Par rapport à l'histoire du club, je pourrai comparer la situation actuelle à ce qui s'était passé en 1975. 4 jeunes joueurs inconnus sont lancés dans le grand bain en même temps lors d'un match contre Reims, le patron du championnat de l'époque. Comme cette année contre Lyon , le PSG est défait 3-2. Mais à la fin du match, le président Hechter déclare : « Ce soir le PSG a perdu, mais il a trouvé une équipe ». Ces 4 jeunes, Jean-Marc Pilorget (17 ans), Lionel Justier (19 ans), Thierry Morin (18 ans) et François Brisson (17 ans) ont tous fait une grande carrière ensuite. Aujourd'hui, je pense qu'on peut être optimiste sur la situation du club. Tous nos jeunes sont internationaux, ils sont motivés, ils n'ont pas peur de la pression et ils travaillent énormément. Nous avons une génération formidable, il faut s'appuyer dessus pour l'avenir. Le club traverse un moment délicat, mais bientôt nous aurons mangé notre pain noir et le PSG retrouvera les sommets. Mais pour cela il faut être patient. Avec Paul Le Guen, nous avons la chance d'avoir un homme qui sait ce qu'il fait. Laissons lui le temps. »

Propos recueillis et retranscrits par Maxime Pousset pour PSG70.com. Merci à Michel Kollar.